La Therapie Narrative, créée par David Epston et Michael White, a ses sources dans la psychologie, la philosophie, la sociologie, la pédagogie mais aussi l’anthropologie.
Issue du post-colonialisme, elle a pour motivation d’accompagner les minorités silencieuses, les gens qui souffrent, de restaurer les identités abîmées, de rendre la dignité aux populations opprimées.
Il ne s’agit plus de domestiquer l’exotisme mais d’ « exotiser le domestique », pour reprendre Pierre Bourdieu, de redécouvrir, au travers d’un récit de problème devenu banal, la fine trace d’exception, d’original, ce qui ne colle pas au récit dominant de la personne et qui prend toute la place, jusqu’à phagocyter son identité-même. Or ...
« la personne est la personne.
Le problème est le problème. La personne n’est pas le problème. » - Michael White.
Proposition est faite de sortir de l’oubli de nos oublis et se souvenir que l’on porte de multiples histoires, dont celles qui ont laissé place aux histoires dominantes …
Car raconter c’est toujours sélectionner des expériences et en négliger d’autres …
Raconter et entrevoir combien nous sommes multi facettes, multi strates, polychromes, que notre identité, non figée, est évolutive, renégociée à chaque nouvelle expérience.
« … l’expérience de vie est plus riche que le discours. Les structures narratives organisent l’expérience et lui donnent du sens, mais il y a toujours des sentiments et des expériences qui ne sont pas pleinement saisis par l’histoire dominante. » - Jerome Bruner.
Alors, le praticien de questionner, de défricher les territoires encore inexplorés par la personne, inconnus d’elle-même …
Car « derrière chacune de nos questions, il y a une forme de vie possible. » - David Epston.
… le praticien de se fasciner pour le monde de l’autre, d’épaissir et faire revivre ces histoires oubliées qui parlent de la personne dans une version, non de soumission mais de rêves, d’espoirs, d’intentions pour sa propre vie, jusqu’à susciter son intérêt, puis sa curiosité afin qu’elle redevienne elle-même fascinée par sa propre vie.
« Les particularités de l’histoire sont des épiphanies de l’ordinaire. » - Jerome Bruner, 2000.
Alors laisser émerger depuis les interstices de nos histoires de vie, les « épiphanies de l’ordinaire » et recréer un nouveau sens à notre vie au travers de récits alternatifs, différents de l’histoire réduite à notre identité décidée par les autres.
« Nous sommes tous des fabricants de sens actifs et passionnés à la recherche de récits plausibles.» - Clifford Geertz.
Amener à se conter, se raconter … car raconter, c’est faire exister, s’autoriser à s’auteuriser et prendre position pour sa propre vie.
Les Pratiques Narratives puisent dans les ressources créatives de la personne comme dans la puissance de la relation : celle que la personne tisse avec son histoire, tout comme celle qui se crée entre le praticien et elle, ou encore celle qu’elle tisse au contact des autres et qui lui offrent l’étoffe de sa nouvelle histoire.
Car relues autrement, les histoires relient différemment !
Comments